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jeudi 28 février 2013

Mon avis sur "La Dernière Lame" d'Estelle Faye

453 pages
Editeur : Le Pré aux Clercs
Dates de parution : novembre 2012
Origine : France
Collection : Pandore
ISBN : 978-2-84228-486-2
Prix : 16€

 
Voici mon avis concernant "La dernière lame" d'Estelle Faye.


Voici le résumé figurant au dos de l'ouvrage :
"Un monde qui ressemble à notre Renaissance, menacé par la montée des océans grouillant de créatures maléfiques, où règnent la violence, la famine et la misère. L'Eglise des Cendres prospère sur tout ce désespoir, menée par la mystérieuse Marie aux yeux verts. Dans une des dernières villes émergées, Joad tente d'apaiser les souffrances et se prépare à affronter l'Armée des Cendres. Joad et Marie vont s'engager dans une course dont l'enjeu n'est rien de moins que le sort du monde."



Mon avis concernant cet ouvrage : 

Comme tout bon scénariste qui se respecte, Estelle Faye commence par nous planter le décor : un monde en proie à une lente apocalypse où les océans peuplés de créatures horribles engloutissent peu à peu les terres, un monde où des fanatiques sont convaincus que tout ceci est l'oeuvre de Dieu et qu'il faut laisser faire le destin, un monde où d'autres personnes s'échinent à trouver une solution scientifique pour stopper cette montée des eaux, un monde où fanatiques, hérétiques et scientifiques s'affrontent, un monde qui ne sait pas quel sera son véritable destin.

Beaucoup d'eau donc dans ce roman. Les terres émergées sont très réduites. La lutte contre les océans semble plutôt vaine. Malgré cela, les hommes trouvent encore le moyen de se faire la guerre, de se détruire entre-eux pour une histoire de religion, de croyance.

Après un prologue savoureux qui met en place le suspense tout de suite, d'entrée de jeu, nous entrons dans la première partie de l'histoire.

Le Dr Gradius Sforza est accusé de se livrer à des sciences hérétiques visant à mettre un terme à la Crue. Simon, le prêtre des Cendres (traduisez par : le clan des fanatiques religieux ^^) accompagné d'insurgés, fait irruption chez le savant et lui ôte la vie. La jeune Séverina, fille du médecin, tente de fuir. Malheureusement, lors de sa fuite à la James Bond (oui, la demoiselle n'hésite pas à se jeter à l'eau ;-) ) elle se fait empoisonner par des méduses venimeuses. Des hommes la ramènent au prêtre Simon dans un sale état mais qu'importe, puisqu'il a décidé de la supprimer. Mais face à la beauté de la jeune femme et son regard, le prêtre ne peut finalement pas se résoudre à la tuer. Elle est sauvée de la mort. Enfin... Son corps échappe à la mort car pour le reste... Un Façonneur efface sa mémoire et lorsqu'elle rouvre les yeux, Séverina n'existe plus. Désormais, elle s'appelle Marie et se retrouve sous la tutelle du meurtrier de son père sans le savoir.

Marie devient intouchable dès lors qu'elle survit à l'Onction Noire, une matière ensorcelée concoctée par le peuple des Cendres. Lors de l'application de l'Onction, deux issues sont possibles : la mort ou la vie. Les survivants sont vus comme des élus par les alchimistes et l'église. Leur corps se recouvre peu à peu d'une croûte grisâtre, leur conférant une très grande protection lors des combats. L'Onction Noire est réservée aux hommes forts et strictement interdite aux femmes mais par un concours de circonstances Marie va y être confrontée. A partir de ce jour, elle se retrouve à la tête d'une armée et part semer la destruction et le carnage chez les hérétiques et les scientifiques au nom de Dieu.

Puis Joad fait son apparition dans le récit. Médecin émérite et passionné, malgré son handicap (Joad porte des prothèses de jambes) et son passé effacé, il se bat avec bravoure et énergie pour sauver son hôpital, future cible de l'armée des Cendres. La venue d'un homme amnésique au corps tatoué va redonner de l'espoir à Joad : les tatouages cachent un message de la plus haute importance pour l'avenir du monde. Il charge Côme d'Utrecht, un linguiste, de le déchiffrer.

Je m'arrêterai là pour ne pas vous dévoiler le reste. ;-)

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Sachez que ce livre est découpé en 3 parties. La première, "Marie", comme son titre l'indique met en valeur Marie et l'armée des Cendres. La seconde, "Vorastburg" nous amène à la rencontre de Joad, le médecin. La dernière partie, intitulée "Exils" se déroule sept ans après la fin de la deuxième partie. Pourquoi ce grand bond temporel ? Je ne sais pas trop. Je n'ai pas vraiment saisi pourquoi l'auteure a décidé de placer l'action de cette partie sept ans plus tard. Elle doit avoir ses raisons. J'essaierai de lui demander si elle me fait l'honneur d'une petite interview. ;-)

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J'ai aimé ce livre mais je ne lui attribuerai pas un coup de coeur non plus car certaines petites choses m'en empêchent.

Estelle Faye manie avec beaucoup de brio et d'aisance les scènes de combat. C'est épique, c'est cinématographique, c'est violent mais décrit avec une certaine poésie, c'est plein d'action... et malgré le nombre élevé de scènes de ce genre dans le roman, on ne s'en lasse pas. J'ai un peu eu l'impression de me retrouver devant un écran de cinéma et je suis certaine qu'une adaptation cinématographique serait spectaculaire.

Le style est très agréable à lire. La plume de l'auteure sait se faire forte ou douce, donnant toute l'intensité nécessaire à ce qu'elle veut faire éprouver à ses lecteurs. On ressent parfaitement la violence de certaines scènes sans tomber dans l'excès. Le dosage est parfaitement maîtrisé.

 J'ai eu un peu l'impression de jouer aux devinettes tout au long de ce roman : dès les premières pages, je me suis dit que tout était très clair, que je voyais déjà où tout ça allait nous mener, qu'il était évident que ça allait se passer comme-ci ou comme-ça... Je trouvais un peu dommage que l'histoire puisse être aussi entendue. Mais voilà que mes certitudes se sont retrouvées mises à mal plus d'une fois ! Combien de fois ai-je froncé les sourcils en essayant d'assimiler le nouvel élément qui venait perturber mon raisonnement premier ? Mon cerveau s'est retrouvé en perpétuel travail de réflexion, recalculant comme une machine à chaque nouvelle donnée. En arrivant à la fin de l'histoire, j'ai été surprise de n'y avoir vu que du feu. Le dénouement était bien loin de ce que j'avais imaginé.

Le destin de Marie se révélait être à l'opposé de ce que je pensais. Et je suis sûre que beaucoup de lecteurs auront l'impression d'être baladés, menés par le bout du nez sans arriver à comprendre où on essaie de les emmener. Mais la fin vaut vraiment le coup, alors, laissez-vous mener en bateau par Estelle Faye. ;-)

Côté personnages, je ne peux pas dire que je me sois vraiment attachée à un personnage en particulier (ou alors peut-être à Joad). En revanche, Marie m'a beaucoup fascinée. Cette jeune femme au destin hors du commun qui se retrouve malgré elle du côté sombre est aveuglée par sa foi. Plusieurs fois j'ai espéré qu'elle se réveillerait subitement et prendrait conscience que ce n'était pas véritablement elle qui était aux commandes. Malgré tous mes croisements de doigts, mes tentatives d'envoûtement... je n'ai pu qu'assister à la descente de Marie dans le gouffre sans fond de l'obscurité. ^^
Trêve de plaisanterie ! Ce personnage m'a vraiment évoqué une figure célèbre de l'histoire de notre beau pays de France : la Pucelle d'Orléans, ça vous dit quelque chose ? Oui, j'ai vu dans Marie une Jeanne d'Arc. Comme Jeanne d'Arc, elle a été guidée par sa foi, comme elle, elle a été une meneuse d'armée et une combattante hors pair, comme elle... bref. Vous avez compris. ;-) Par contre, une Jeanne d'Arc plus cruelle.

Joad est le personnage qui m'a le plus inspiré de sympathie et d'empathie. Cet homme courageux qui ne connaît rien de son passé, de sa véritable identité et qui voue sa vie à celles des autres. C'est l'opposé de Marie : Marie détruit des vies, Joad sauve des vies. Son côté altruiste et battant m'ont beaucoup plu. Joad est un homme diminué physiquement (ayant perdu ses deux membres inférieurs) mais tellement fort psychiquement qu'il force l'admiration.

Un petit regret : Jester arrive vraiment très tardivement dans l'histoire et j'ai été un peu frustrée de ne pas avoir eu plus de temps pour faire connaissance avec ce personnage ayant un rôle capital dans l'histoire. J'ai eu l'impression de ne pas savoir grand-chose d'elle. Je regrette qu'elle n'ait pas été plus développée. Mais peut-être était-ce voulu par l'auteure pour ménager un effet de surprise ?

Un dernier bémol (qui n'est pas à imputer à l'auteure) : je regrette que les illustrations de la collection Pandore ne soient pas plus proches des véritables personnages. D'ailleurs, concernant "La Dernière Lame", un doute s'est installé dans mon esprit : a-t-on voulu représenter Marie ou Jester ? J'avoue ne pas arriver à me décider car ni la description qu'Estelle Faye nous fait de l'une ni de l'autre ne correspond. Malgré cela, les couvertures sont toujours magnifiques et donnent vraiment envie. Je tiens d'ailleurs à féliciter Benjamin Carré, l'illustrateur pour la qualité de ses illustrations de la collection Pandore. Je serais d'ailleurs curieuse de savoir à partir de quels éléments il travaille : manuscrit ? Résumé ? Directives ? 


En conclusion :  
Un premier roman plutôt prometteur pour cette auteure plutôt habituée à l'écriture de scénarii pour le cinéma et le théâtre qui plaira aussi bien à un public adolescent qu'adulte. Des descriptions très visuelles, très vivantes qui donnent l'impression qu'on est en train de visionner un film. Une excellente base pour une adaptation cinématographique spectaculaire (dans la veine de "300").

Encore un ouvrage qui vient confirmer que la collection Pandore des éditions Pré aux Clercs vaut le détour.

Je tiens d'ailleurs à remercier chaudement les éditions Le Pré aux Clercs  pour m'avoir permis de découvrir ce roman.
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Je vous invite à découvrir la collection Pandore en vous rendant sur le site dédié :
http://www.lepreauxclercs.com/site/pandore/